Il est venu deux semaines après le cyclone, qui a détruit 70% des habitations de Mayotte, pour passer une journée dans l’archipel et non pas deux comme prévu, et même s'il avait dans ses valises 5 ministres, les Mahorais attendent des faits et non pas des promesses. Certains villages n’ont reçu de l’aide que le week-end dernier. La distribution de l’aide (eau et nourriture) a tardé et est insuffisante.
Malgré cela, François Bayrou est venu avec des promesses. Le Premier ministre français souhaite rebâtir Mayotte en deux ans et a affirmé que l'électricité serait "rétablie dans chaque foyer fin janvier". Emmanuel Valls, le tout nouveau ministre des Outre-mer reste sur place quelques jours encore. Au moment du départ, François Bayrou semble satisfait de son voyage. “Nous avons répondu aux attentes”, a-t-il déclaré.
Il a aussi promis de présenter au gouvernement un projet de loi spéciale Mayotte vendredi 3 janvier. Cette loi devrait alléger les règles administratives pour ne pas ralentir la reconstruction, les dons seront aussi possibles et seront déductibles des impôts. Enfin, cette loi va prévoir également des mesures de soutien pour que les employeurs de Mayotte puissent reprendre leur activité. Ceux qui sont au chômage verront leur indemnisation prolongée.
Des Mahorais sceptiques après les annonces du Premier ministre
Quant à la population, elle a vu défiler tant de ministres à Mayotte qu’elle semble blasée. "Le président (Macron) est venu. On a attendu. On attend toujours. Je ne sais pas si cela va changer quelque chose", a dit Nadjirati Hadjirabou, une jeune fille originaire de Vahibé qui a reçu une tôle sur le bras pendant le cyclone, et se trouvait à Mamoudzou pour refaire ses bandages.
Les élus demandent un projet de reconstruction co-construit avec les élus locaux, pour la députée Liot (centre droit) de Mayotte, Estelle Youssouffa, les efforts ne sont "pas à la hauteur des besoins". "Il faut calibrer l'aide à hauteur de la population réelle", y compris les immigrés en situation irrégulière; selon les statistiques officielles, il y a 320 000 personnes à Mayotte mais au minimum 100 000 de plus ou 200 000 de plus compte tenu de l’immigration illégale.
Le délai de deux années pour une reconstruction laisse beaucoup sceptiques. Une autre annonce laisse certains dubitatifs. Le Premier ministre a annoncé que les bidonvilles ne seront plus tolérés dans l’archipel. Cela concerne les migrants illégaux mais aussi nombre de Mahorais puisque Mayotte est le département le plus pauvre de France. Selon l'Insee, 77 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté national, soit cinq fois plus qu’en France. Il faudra donc trouver un moyen d’offrir un toit à ces familles.