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Fidan: Washington doit renoncer à son soutien au groupe terroriste PKK
Il s’agit d'une question cruciale de sécurité nationale pour Ankara, a souligné le chef de la diplomatie turque, exhortant Washington à reconsidérer son soutien au groupe terroriste.
Fidan: Washington doit renoncer à son soutien au groupe terroriste PKK
Fidan: Washington doit renoncer à son soutien à l'organisation terroriste PKK
il y a 6 heures

Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a déclaré qu'Ankara s'attend à ce que les États-Unis s'abstiennent de “soutenir l'organisation terroriste PKK” qui constitue une menace pour la Turquie.

"En particulier dans la lutte contre Daesh en Syrie, les États-Unis doivent reconsidérer les bases de leur relation avec le PKK et se libérer de leur obligation de soutenir l’organisation qui constitue une menace pour la Turquie", a déclaré Fidan dans une interview accordée mercredi à Al Jazeera.

"Il s'agit pour nous d'une question cruciale de sécurité nationale. Les États-Unis considèrent que maintenir les membres de Daesh en prison est une situation tactique. Cependant, soutenir le PKK pour assurer cela constitue une préoccupation de sécurité nationale pour nous, et c'est une question véritablement toxique entre nous et les États-Unis. Cela doit cesser", a-t-il insisté.

Même si la nouvelle administration échoue à parvenir à un accord avec l'organisation terroriste syrienne PKK/YPG, qui cherche à établir son propre pouvoir et sa propre base, Fidan a formulé le souhait de voir une solution pacifique à ce problème majeur.

La Turquie recommande, dans ce sens, à la nouvelle administration syrienne d'assurer l'égalité d'accès à la citoyenneté constitutionnelle, ce qui est de nature à contribuer de manière significative à la paix sociétale.

Soulignant que le deuxième principe crucial de cette paix est qu'aucune entité, autre que les organes légaux de l'État, ne doit porter d'armes, Fidan a mis en garde : “Le fait que le PKK et ses éléments affiliés occupent un tiers du territoire syrien, dont la plupart sont des villes arabes, signifie que le PKK a occupé des zones où vivent des Arabes”.

Les États-Unis et les pays européens continuent de soutenir le PKK/YPG pour le service pénitentiaire qu'ils fournissent, a noté le ministre turc des Affaires étrangères, ajoutant qu'en échange de la détention des prisonniers de Daesh dans leur prison, l'organisation terroriste a occupé un tiers du territoire syrien "par un mensonge".

Fidan a, à ce titre, insisté sur la nécessité de résoudre le problème de la présence des terroristes d'Irak, de Turquie et d'Iran sur le territoire syrien, citant “des menaces contre l'intégrité territoriale de la Syrie, d'Irak et de Turquie”. 

Solidarité avec les frères kurdes

Le chef de la diplomatie turque a souligné que certaines initiatives ont été prises par le gouvernement et que "l'amitié" entre Ankara et le président du gouvernement régional kurde est "extrêmement avancée".

Revenant sur l'immense solidarité entre la Turquie et “ses frères kurdes” du GRK dans la lutte contre le terrorisme, Fidan a déclaré: “Eux aussi ont malheureusement subi attaques, crimes et délits du PKK. En réponse, nous faisons preuve de solidarité”.

"C'est pourquoi ils ont eux aussi engagé des efforts et des initiatives pour encourager le PKK à se dissoudre et à déposer les armes", a-t-il souligné.

Le ministre a fait savoir que la Turquie soutenait l'opposition syrienne depuis le début et que ce soutien était devenu “plus important” ces dernières années avec l'arrivée de millions de Syriens en Turquie.

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Rappelant que plus de 5 millions de personnes vivaient dans des zones sous le contrôle de l'opposition à cette époque, il a déclaré que la Turquie essayait d'assurer la poursuite du cessez-le-feu pour faire en sorte que les Syriens ne se tournent pas vers la Turquie, en cas d’avancée du régime.

Pour ce qui est des inquiétudes d'autres pays concernant le président syrien Ahmed Al Charaa et le changement d'approche de celui-ci, Fidan a déclaré que ce dernier "avait reconnu ses erreurs, tiré des leçons et assumé sa responsabilité sociale à Idlib, en tentant de répondre aux besoins fondamentaux de 4 millions de personnes".

La gouvernance de l'État ne peut être réalisée uniquement par l'idéologie mais plutôt à travers les responsabilités et les services, a-t-il souligné, exhortant la nouvelle administration à considérer la suggestion de la Turquie à cet égard.

Le ministre turc des Affaires étrangères a déclaré que sous le régime d'Al-Assad, la Syrie était devenue une menace pour sa région et pour tout le monde, et que “maintenant, le moyen de s'en débarrasser est d'avoir un gouvernement qui s'adresse à l'ensemble de la Syrie, préserve l'intégrité territoriale du pays et soit en paix avec le peuple syrien – un gouvernement qui soit issu du peuple syrien et qui serve les intérêts de la Syrie”.

Concernant les allégations selon lesquelles l’Iran pourrait soutenir l’organisation terroriste PKK/YPG sous le nom de Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées par les YPG, la branche syrienne du PKK, Fidan a averti que mettre en oeuvre de telles politiques, comme l’Iran l’a fait dans le passé, ne serait pas la bonne voie à suivre.

“La Syrie appartient au peuple syrien et personne ne devrait imposer sa souveraineté en lui dictant ce qu'elle doit faire. Cette approche va à l'encontre de sa propre morale et de la politique étrangère de la Turquie”, a-t-il ajouté.

Palestine

Pour Fidan, l'Arabie saoudite a entrepris une “démarche sérieuse et honorable” concernant une éventuelle normalisation avec Israël. 

“Lier la normalisation à une solution à deux États est une question extrêmement importante. C'est une position qui renforce à la fois les positions de la Jordanie et de l'Égypte”, a noté le chef de la diplomatie turque appelant à soutenir ces positions “fortes”.

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Le processus de normalisation comporte deux aspects, le premier étant l'accord et les relations entre les États-Unis et l'Arabie Saoudite et le second étant la partie liée à la normalisation avec Israël, a rappelé Fidan.

Il a affirmé à ce titre: “D'après les discussions que j'ai eues, je ne crois pas que la normalisation aura lieu si la solution à deux États n'est pas mise en œuvre et acceptée”.

Le président américain Donald Trump pourrait jouer un “rôle historique”, a estimé Fidan qui a fait remarquer : “Tout comme il l'a fait avec la question ukrainienne, comment a-t-il arrêté la guerre ? Ici aussi, la seule personne qui peut faire pression sur Israël et Netanyahu en faveur de la solution à deux États, qui est acceptée par le monde entier, est le président Trump”.

Il a poursuivi que si Trump choisissait de prendre de telles mesures, il pourrait non seulement mettre en oeuvre des mesures plus sages concernant la sécurité d'Israël, mais aussi faire des progrès significatifs vers la stabilité arabe et l’établissement d'un État palestinien.

 La normalisation dans la région allégera également le fardeau des États-Unis, a conclu le ministre turc des Affaires étrangères.

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