Politique
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Quel avenir pour la Palestine en 2025 ?
La guerre à Gaza a également suscité un mouvement mondial de solidarité – en particulier parmi les jeunes – qui continuera d’inspirer des réflexions courageuses et des actions audacieuses.
Quel avenir pour la Palestine en 2025 ?
Palestine
27 février 2025

Par Michael Lynk


L’auteur est professeur émérite de droit à l’Université Western, à London, Ontario, Canada. Il a été le septième rapporteur spécial des Nations unies sur les droits humains dans les territoires palestiniens occupés de 2016 à 2022.

En 2024, une série d’événements marquants, pour la plupart imprévisibles un an auparavant, ont bouleversé le Moyen-Orient et le reste du monde, impactant considérablement la Palestine: la poursuite du génocide israélien à Gaza, la défaite militaire du Hezbollah et la dévastation au Liban, le renversement de Bachar al-Assad en Syrie, l’isolement de l’Iran, la réélection de Donald Trump, ainsi qu’une série de décisions marquantes de la Cour internationale de justice (CIJ) et de la Cour pénale internationale (CPI).

Tous ces événements d’ampleur rendent la tâche d’imaginer l’avenir de la Palestine en 2025 particulièrement incertaine.

Cependant, avec une part de prudence, il est possible d’émettre quelques hypothèses éclairées sur six aspects principaux.

- Scénarios principaux pour l’avenir de la Palestine

Le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis favorisera sans aucun doute l’accélération de la subjugation des Palestiniens par Israël. Ses nominations clés pour le Moyen-Orient – notamment son secrétaire d’État, son ambassadeur en Israël et ses deux envoyés régionaux – représentent des cadeaux diplomatiques à l’actuel gouvernement israélien d’extrême droite.

Son approche politique privilégie le respect des puissants et le mépris des faibles. La seule limite que Trump pourrait imposer à Israël découlerait de sa quête d’un accord substantiel avec l’Arabie saoudite, qui exige publiquement un chemin crédible vers la création d’un État palestinien.

La perspective d’un véritable État palestinien semble plus éloignée que jamais. En 2025, davantage de terres palestiniennes seront confisquées, de nouvelles colonies israéliennes illégales seront construites, et la violence des colons, déjà à des niveaux record, s’intensifiera.

Bien que Trump puisse restreindre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de procéder à l’annexion formelle de certaines parties de la Cisjordanie, l’annexion de facto par Israël se poursuivra sans relâche. La capacité de l’Autorité palestinienne à influencer les événements en sa faveur diminuera probablement encore davantage. Quant au processus de paix paralysé, les Palestiniens sont depuis longtemps bloqués à un feu rouge, qui reste obstinément rouge aujourd’hui.

La guerre génocidaire à Gaza prendra finalement fin avec un cessez-le-feu formel, la libération d’otages israéliens et de certains détenus palestiniens.

Toutefois, le bilan inimaginable de morts et de souffrances parmi les civils palestiniens à Gaza persistera, avec la famine, les maladies infectieuses, une économie dévastée et un paysage détruit qui continueront d’affliger la population. Si le Hamas ne sera pas complètement vaincu, il aura subi un coup sévère à court terme. Israël cherchera à établir des colonies dans le nord de Gaza et à encourager des chefs de clans à gouverner le reste du territoire, ce que Trump pourrait tolérer. Un autre défi majeur sera de réunir les 40 à 6 0 milliards de dollars nécessaires pour la reconstruction de Gaza, une tâche qui provoquera des tensions entre Trump et ses alliés du Golfe, qui résisteront à l’idée de supporter la majeure partie des coûts d’une guerre qu’ils ont désapprouvée.


- La communauté internationale fera-t-elle face à la question palestinienne en 2025 ?

En ce qui concerne la Palestine, les Nations Unies seront confrontées à certains de leurs défis les plus périlleux en 2025. L’échéance d’un an fixée par l’Assemblée générale pour qu’Israël mette fin complètement à son occupation de la Palestine arrivera en septembre prochain, avec Israël et les États-Unis déterminés à défier cette obligation.

En outre, Israël – avec le soutien de Trump – cherche à démanteler l’UNRWA, l’agence onusienne qui fournit des services d’éducation, de santé et d’aide sociale aux réfugiés palestiniens. Le défi pour l’Europe et le monde arabe sera de savoir s’ils défendront les Nations Unies, leur engagement fondamental à résoudre avec succès la plus ancienne question de leur agenda politique (la Palestine) et la préservation de leur plus grande agence.

L’isolement diplomatique d’Israël se poursuivra, même si sa relation avec son puissant allié, les États-Unis, se renforcera.

Son statut d’élément isolé au sein des Nations Unies – en particulier à l’Assemblée générale et au Conseil des droits de l’homme – se traduira par un nombre encore plus important de votes écrasants contre son occupation vieille de 57 ans, son refus de reconnaître l’autodétermination palestinienne et ses violations du droit international. Le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale contre Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, le rendra politiquement isolé, les chefs d’État et de gouvernement signataires du Statut de Rome de 1998 refusant de le rencontrer.

Les pressions augmenteront en Europe pour repenser divers accords commerciaux et de coopération avec Israël, en réaction à la guerre et à ses horribles conséquences humanitaires.

- Le rôle du droit international plus crucial que jamais pour la Palestine

Le rôle du droit international dans la question palestinienne deviendra encore plus crucial en 2025. Après les décisions marquantes de la Cour internationale de Justice (CIJ) et de la Cour pénale internationale (CPI) en 2024, un mouvement croissan t pourrait insister sur une approche basée sur les droits pour parvenir à la paix en Palestine, remplaçant l’approche pragmatique discréditée – mais toujours persistante – du processus d’Oslo.

L’élan créé par les récents rapports sur le génocide, publiés par Amnesty International et Human Rights Watch, continuera de résonner dans les couloirs des Nations Unies et des ministères des Affaires étrangères. Cependant, des vents contraires subsistent : les Républicains du Sénat américain sont déterminés à sanctionner la CPI pour avoir émis un mandat d’arrêt contre Benjamin Netanyahu, ce qui si gnifie que la viabilité de la Cour nécessitera une défense solide de la part des 124 États membres du Statut de Rome, en particulier en Europe.

Comme l’année écoulée l’a montré, 2025 apportera presque certainement son lot de surprises inattendues. Et bien que des moments sombres se profileront encore pour les Palestiniens dans l’année à venir, la guerre à Gaza a également déclenché un mouvement mondial de solidarité – en particulier parmi les jeunes – qui continuera d’inspirer une réflexion courageuse et des actes audacieux. Son impact durable ne doit jamais être sous-estimé.

NB: Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de l’agence Anadolu.

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